Au sein du Port de Concarneau, Construction et Réparation Navales, le cargo ANEMOS ne passe pas inaperçu avec ses mâts de 53 mètres de haut et sa coque verte de 81 mètres de long. Ce navire hors norme ne manque pas d’attirer l’attention des acteurs du port et habitants de Concarneau. Les usagers du port admirent avec plaisir l’avancée des travaux dans l’attente de voir ce cargo sous voile. Nous sommes partis à la rencontre de son armateur TOWT afin de découvrir de plus près ce géant des mers.
Anemos en cours de construction à Concarneau
En construction par les chantiers Piriou, ANEMOS est le premier cargo à voile de la compagnie TOWT. Le mâtage a eu lieu à la mi-mars sur le port de Concarneau. Éric Cochet, gréeur explique : « Cette opération a mobilisé une équipe de cinq personnes pendant 6 semaines sur Concarneau pour finaliser la préparation et anticiper le mâtage. La plus grande difficulté n’est pas leur taille mais leur poids. Chaque mât pèse 3 tonnes seul et jusqu’à 15 tonnes quand ils sont équipés. La dernière étape qui est la plus spectaculaire est le mâtage. Après avoir trouvé une fenêtre météorologique favorable c’est-à-dire sans trop de vent ni trop de pluie, nous avons procédé à l’installation des mâts sur le cargo à voile. L’opération s’est très bien déroulée. »
Désormais, les aménagements intérieurs sont en cours sur le navire avant des essais en mer au printemps et une livraison d’ici l’été. TOWT envisage déjà la première transatlantique vers la Colombie dès le mois d’août. Le second cargo ARTEMIS est déjà en cours de construction. « L’objectif est de dupliquer la construction afin de multiplier notre impact, Artemis et Anemos sont des sisterships, et d’autres pourraient suivre. » précise Guillaume Le Grand, président de TOWT.
La propulsion vélique, une solution pour décarboner le transport maritime de marchandises
TOWT a pour ambition d’utiliser à 90% la force du vent lors des transatlantiques. Les 3 000m2 de voile hissée sur les mâts de plus de 50 mètres associés à un design étudié en ce sens permettront d’atteindre cet objectif. Le voilier-cargo devrait rejoindre l’Amérique en 15 jours pour une vitesse moyenne de 13 à 14 nœuds. « Ce temps de trajet est étonnamment plus rapide qu’un porte-conteneur, qui lui perd beaucoup de temps dans les transbordements. » détaille Guillaume.
A bord, TOWT prévoit d’acheminer plus de 1000 tonnes de fret dans ses 6 cales prévues à cet effet, à chaque rotation entre Le Havre et l’Amérique. Un véritable défi technologique et environnemental attend la compagnie maritime.
Parmi les marchandises importées ou exportées par la compagnie, Belco, premier importateur européen de café durable ; Pernod Ricard, Martell Mumm Perrier Jouet … Les demandes proviennent principalement d’entreprises ayant déjà un fort engagement environnemental. Les spiritueux, le vin et le café sont les secteurs les plus demandeurs. Ce mode de transport est aussi inévitablement un atout marketing pour les entreprises partenaires. Il sera aussi possible d’embarquer une douzaine de passagers à bord.
Pour rappel, Carenco gestionnaire et exploitant du port de Concarneau, CRN assure les différentes manœuvres du cargo ANEMOS selon les étapes de construction. Arrivée fin août par la mer, la coque a été amarrée quelques jours avant d’être mise au sec à l’aide de l’ascenseur à bateau. Après cinq mois de travaux sur l’Aire de Réparation Navale, ANEMOS a été remis à l’eau en février pour sa dernière phase de construction. Amarré rive gauche pour le gréement, le navire a été déplacé il y a quelques jours rive droite. Il devrait y rester jusqu’à sa livraison au mois de juin prochain.